Le « cri de détresse et d’impuissance » des hôpitaux namurois


Ce mercredi, le ministre fédéral de la santé a montré son émotion devant ce qu’il a découvert dans les unités Covid-19 d’un hôpital liégeois. Ce mercredi soir, le Premier ministre a communiqué l’harmonisation des mesures prises dans les régions du pays et mis en place un « confinement partiel ». Il n’empêche que l’appel au secours lancé par les médecins-chefs des hôpitaux de la province de Namur lancé ce mercredi reste d’actualité. Avec leurs confrères du Brabant wallon et du Hainaut, ils adressent aux ministres de tous les niveaux de pouvoir « un cri de détresse et d’impuissance face à la situation sanitaire que l’ensemble des hôpitaux wallons affronte actuellement. »

En voici le texte complet.

« Ce week-end a été l’occasion d’une rencontre urgente par visio-conférence de l’ensemble des médecins-chefs du cluster BHN à l’initiative du médecin inspecteur fédéral d’hygiène, le Dr Didier TAMINIAU et justifiée par l’immense inquiétude que génère l’insuffisance des moyens dont disposent les structures hospitalières en l’état présent, pour poursuivre des soins adéquats, qualitatifs et éthiques, non seulement aux patients atteints d’une infection à Covid-19, mais aussi à tous les autres patients, conformément à leur mission. Actuellement, nos hôpitaux ne sont plus en capacité de soigner tous les patients.

Il ne fait plus de doute que la deuxième vague sera supérieure et plus longue que la première, alors même que le retard accumulé pour les soins électifs et semi-urgents dans des pathologies relevant de toutes les disciplines, n’a pu être résorbé durant les mois d’été. Par ailleurs, malgré une capacité en infrastructure encore partiellement disponible, les hôpitaux sont confrontés cette fois à une pénurie croissante de personnel qualifié imposant l’arrêt de pans entiers d’activité. L’évocation glaçante de la situation de certains hôpitaux bientôt reproduite dans toutes les institutions hospitalières de nos provinces génère le spectre à très brève échéance de soins de qualité ‘dégradée’, typique d’une médecine de catastrophe. Plusieurs décisions immédiates seraient pourtant de nature à stabiliser temporairement l’évolution :

  • 1. l’harmonisation et l’intensification des mesures de protection de la population selon les avis éclairés des experts en santé publique (infectiologues, épidémiologistes, hygiénistes, microbiologistes,…) qui n’ont absolument pas failli dans leurs prévisions et ce, comme proposé par nos fédérations hospitalières. Sans cette mesure, « le système hospitalier s’effondrera » ;
  • 2. une régulation immédiate centralisée à l’échelle nationale (et internationale si nécessaire) de la répartition des patients dans les différents hôpitaux de toutes les régions du pays ;
  • 3. une mise en pratique et un contrôle de la stratégie de dispersion, régulation et transfert des patients avec obligation d’un phasage d’alerte unique pour nos hôpitaux belges comme proposé en partie par Mr Pedro Facon ;
  • 4. le renfort d’une main d’œuvre externe, en l’occurrence de la protection civile et de l’armée. En cas de catastrophe naturelle, la mobilisation de ces forces est immédiate ;
  • 5. l’appel national aux ressources professionnelles de la santé ayant terminé leur carrière ou n’étant plus engagées dans la filière des soins et en complément, si pas suffisant, un pouvoir de réquisition réel par qui de droit.

Cet appel revêt une certaine solennité, nous en convenons, mais reflète notre intime conviction au contact journalier de nos équipes, dont nous saluons au passage l’extraordinaire travail quotidien. En conclusion, nous attendons de vous des gestes forts pour sauver ne fut ce qu’une vie supplémentaire dans ce moment critique. »

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