Certaines familles allant nettoyer les tombes de leurs aïeuls ou proches disparus ont été surpris ces dernier jours, notamment aux cimetières de Namur (chaussée de Waterloo à Belgrade) et de Belgrade village. La cimetière de Temploux aussi affiche plusieurs feuilles A4 longues comme le bras sont affichées à l’entrée du cimetière. Elles reprennent la liste des tombes arrivées à expiration pour lesquelles la ville de Namur n’a pas pu avoir de contact direct afin de signifier la fin de la concession et proposer un renouvellement.
Des affichettes sont aussi apposées sur les sépultures concernées, qu’il s’agisse de tombes simples, de caveaux, de colombariums… A défaut, elle procédera à l’exhumation pour assainir la tombe et que celle-ci puisse être réutilisée pour un autre défunt. La ville de Namur n’a pas pu procéder pour les 30 cimetières en même temps et termine cette année la dernière vague de régularisations. Les prochaines années, les listes devraient être progressivement moins longues.
« Quand une concession arrive à son terme, le titulaire (ou un de ses ayant droit, s’il est décédé) de cette concession reçoit un courrier l’en informant », explique Thomas Degueldre, chef du service population à Namur et coordinateur des 30 cimetières que compte le territoire. « Les listes affichées lors de la Toussaint reprennent toujours l’affichage de la Toussaint précédente ainsi que celui de la Toussaint en cours. Nous sommes en effet légalement tenus d’afficher les listes pendant deux années consécutives ».
Cette année, pour l’ensemble des cimetières, 2036 tombes sont arrivées à expiration, dont 408 rien que pour le cimetière de Namur (dit de Belgrade). Mais toutes ne font pas l’objet d’un affichage. Il existe des dispositions légales. Le renouvellement – gratuit si la concession était précédemment à perpétuité, payant si à durée limitée – peut être demandé par toute personne avant l’expiration. « Avant d’afficher, on essaye de retrouver les ayants-droit. On leur envoie un courrier et on essaye de nouer un dialogue. Puis on doit afficher un avertissement sur la tombe deux Toussaint d’affilée car c’est à cette période que les tombes les plus fréquentées fonctionnent. »
Cette gestion régulière repose sur un cadastre complet depuis environ deux ans. « C’est une fierté namuroise : toutes les tombes sont cadastrées », précise l’échevin Luc Gennart qui partage la compétence des cimetières avec Charlotte Deborsu. « Cela permet de retrouver les ayants-droit plus facilement, mais aussi de faciliter le travail des pompes funèbres. Sans oublier l’intérêt que ces données en open data peuvent revêtir lorsqu’on fait des recherches sur ses aïeuls », explique l’échevin. « Il reste bien deux ou trois tombes inconnues car elles ne portent aucun nom et qu’on n’a pas retrouvé d’ayants-droit. Mais on sait exactement où elles se trouvent », ajoute Thomas Degueldre.
Les listes des concessions arrivant à expiration sont également affichées à l’entrée du cimetière, afin que tout intéressé puisse en être informé. Les tombes marquées de cet avis peuvent aussi être celles qui présentent un défaut d’entretien problématique. « Il est obligatoire d’entretenir les sépultures. Lorsqu’une tombe n’est pas maintenue en bon état d’entretien et de propreté, un constat de défaut d’entretien est affiché, après information écrite à la famille concernée. A défaut de régularisation dans le délai prévu par la procédure, il peut être mis fin au droit à la concession », précise encore Thomas Degueldre qui précise que ces procédures, malgré leur caractère parfois désagréable, sont appliquées dans le respect des vivants comme des morts.
Cette gestion est indispensable et encore davantage alors que l’on a connu un pic de décès imprévisible pendant la première vague du covid-19. « On sait que les cimetières wallons sont saturés. Mais une bonne gestion permet de ne pas rencontrer de problème majeur. Contrairement à la situation d’autres communes importantes, aucun cimetière namurois n’est actuellement concerné par une impossibilité d’octroyer de nouvelles concessions », conclut le Monsieur cimetière du territoire namurois.
Un travail d’enquête via les toutes-boîtes
Bien que peu populaires, les affichages de ces listes sont nécessaires en dernier recours pour avertir les proches ou descendants des défunts. Surtout pour les tombes anciennes, alors que les noyaux familiaux sont parfois éclatés ou ont quitté le territoire.
Mais la ville de Namur tente aussi d’autres moyens pour entrer en contact avec les familles.
« On s’est dit qu’au XXIe siècle, on pouvait tenter d’autres moyens que l’affichage, d’autant que celui-ci est parfois mal perçu par les familles, qu’elle peut altérer leur moment de recueillement », précise Thomas Degueldre, chef du service population.
C’est ainsi que, lorsque les dossiers de Temploux ont été abordés, une collaboration a été menée avec le petit journal de l’entité. « Nous avons proposé à Temploux Infos, le mensuel distribué dans toutes les boîtes aux lettres du village, de publier la liste de personnes dont nous recherchions les ayants-droit . Cela a assez bien marché car quelqu’un connaît bien quelqu’un qui connaît un membre de la famille ».
Un travail d’enquête qui tient très à coeur du responsable cimetières de Namur. « Il n’y a rien de plus décevant lorsque nous n’avons pas pu joindre une famille à temps et qu’elle manifeste ensuite son intérêt de renouveler la concession », affirme-t-il.
Autre moyen de communication : le magazine de la ville de Namur, distribué en toutes boîtes, mais qui ne permet pas de publier la liste exhaustive des dossiers concernés. Ou encore des personnes ressources. « Pour Dave, nous avions fait appel à un blogueur », raconte Thomas Degueldre.
Une année 2020 éprouvante pour les fossoyeurs
L’année 2020 a été très compliquée à gérer au sein des cimetières en raison du pic de décès observé au printemps en conséquence à la première vaguer du covid-19. « Pour la gestion des cimetières, nous fonctionnons avec des prévisions qui se basent sur les chiffres de l’année précédente. Or, rien ne permettait de prévoir ce que nous avons vécu en mars et avril », note Thomas Degueldre, responsable des cimetières.
Si tous les défunts ont pu trouver une place, si les cimetières ne montrent pas les stigmates de cette crise cette Toussaint, c’est en raison de plusieurs facteurs : le travail d’anticipation sur la gestion des tombes, le recours demandé par la ville à la tutelle en matière d’exhumations ainsi que le renfort d’ouvriers d’autres services.
« Si on ne s’improvise pas fossoyeur du jour au lendemain, certains gestes peuvent être appris par des ouvriers communaux travaillant dans d’autres services à la ville, comme le placement d’une urne dans un colombarium.«
Le nombre de crémations à la hausse a aussi aidé à juguler l’afflux de décès au printemps dernier. « On est à 58,5% d’inhumations et 41,5% de crémations pour 2019. Chaque année, ces dernières prennent une part un peu plus importante des funérailles. Or, elles mobilisent beaucoup moins de personnel que les inhumations », souligne le responsable des cimetières.
Reste que les conséquences de la pandémie sont très éprouvantes pour les fossoyeurs. « Une exhumation n’est pas un geste anodin. Mais quand il faut en faire non-stop pour assainir des tombes et assurer de la place aux défunts dans un intervalle réduit du 15 novembre au 15 avril, c’est encore plus difficile à vivre. Elles sont cependant nécessaires d’un point de vue sanitaire », commente l’échevin Luc Gennart.
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