Le plan voiries ambitieux de l’échevin Luc Gennart avance bien côté routes avec un entretien régulier, tous les 10 ans, et l’objectif avec un budget de 2,3 millions d’euros par an, que 97% des routes soient en (très) bon état d’ici à 2026. Manquait le volet trottoirs sur lequel ses services tentent d’avancer depuis plusieurs années. « Nous avons renoncé à dresser un cadastre complet des trottoirs », confie l’échevin qui y voit deux raisons principales : processus trop long et données inutiles pour définir une politique efficace.
« Autant on peut faire l’inventaire des 14.000 routes communales représentant 2,8 millions de mètres carrés, autant c’est presque mission impossible avec les trottoirs dont la nature (pavés, graviers, herbe…) change parfois à chaque propriétaire », explique-t-il alors qu’il visait encore à l’exhaustivité via une cartographie mobile réalisé à l’aide d’une caméra se fixant à tout type de véhicule il y a trois ans. Depuis, des bouts de trottoirs ont été réalisés ou sont en projet de rénovation, l’aménagement de places piétonnes est prévu… Mais il n’existait pas encore de politique rationnelle basée sur une vue d’ensemble en matière de trottoirs.
Cela va changer : à l’instar du plan routes, les services de Luc Gennart ont sorti une analyse méthodique et détaillée. C’est Stef Van den Bempt, agent technique en chef au département des voies publiques qui s’en est chargé. Il en a même fait son sujet de mémoire. Il vient en effet de refaire un master en urbanisme et aménagement du territoire.
« Où a-t-on le plus besoin de trottoirs sur le territoire de la ville de Namur ? Dans les zones où circulent beaucoup d’écoliers et d’étudiants ou encore dans les zones commerciales », précise Luc Gennart. Le centre-ville était bien pourvu en la matière, l’étude a choisi quatre localisations : les centres scolaires de Champion, Malonne et Erpent ainsi que la zone commerciale de Champion, située entre le garage Renault jusqu’au Quick. Cette dernière semble correctement fournie donc les solutions à apporter s’orientent vers les trois pôles scolaires de la périphérie.
Le plan trottoirs tel qu’il sera présenté aux écoles concernées et aux élus comprend un diagnostic et un plan-guide formulant des pistes de solutions avec un ordre des priorités. Chaque solution fait l’objet d’une fiche-projet avec un descriptif du projet et ses objectifs ; le degré d’urgence ; un horizon de réalisation, des illustrations des solutions proposées, une estimation du budget et la liste des acteurs à consulter pour la bonne mise en œuvre des aménagements, avec la collaboration des services de l’échevine Stéphanie Scailquin puisque, au-delà de la circulation piétonne, c’est un problème de mobilité général qui se constate sur place.
« Il faut voir la situation globalement. Il ne sert à rien d’installer un dépose-minute s’il n’y a pas suffisamment de trottoirs pour que les enfants marchent jusqu’à l’école en toute sécurité », souligne l’échevine en charge de la mobilité.
Ce plan trottoirs, une fois réalisé, devrait soulager la circulation de tous les usagers en permettant de déposer les enfants et ados un peu plus loin, ainsi que les riverains qui sont parfois littéralement bloqués chez eux à certaines heures tant le trafic est dense.
« Ce plan-guide pose les bases de la planification d’un réseau assurant un déroulement aussi performant que possible des déplacements piétons tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la ville de Namur, l’optimisation du réseau piéton et à l’assainissement des points problématiques révélés par l’étude », conclut Stef Van den Bempt.
Il mêle données chiffrées et vécu des usagers
Le plan voiries est conçu comme une base de travail pour effectuer des aménagements sur plusieurs années. Il a été dressé selon une méthodologie rigoureuse.
- « La planification commence par une étude fine du contexte territorial. Ce volet rassemble toutes les données disponibles sur le territoire : plans juridiques (plan de secteur, règlement communal, plan particulier d’affectation des sols…), hiérarchies et statut juridique des voiries, les réseaux de transport en commun, cyclistes et piétons existants », énumère l’auteur du dossier Stef Van den Bempt.
- La superposition de toutes ces données permet de déterminer les pôles générateurs de flux (pôle scolaire, sportif, commerciaux, modaux, etc) et leurs aires d’influence (des distances de parcours piétons allant de 300 à 900 mètres). « Cette démarche est importante dans la planification car elle précise les limites d’intervention », précise Stef Van den Bempt.
- Ensuite, les infrastructures piétonnes existantes comprises dans ces limites sont passées au crible. Le réseau piéton est analysé afin de s’assurer qu’il satisfasse aux exigences en matière de sécurité, d’attractivité, d’accès aux enfants, personnes âgées et aux personnes à mobilité réduite.
- « Pour ce faire, le diagnostic des aménagements relève les points problématiques comme les largeurs de trottoirs, les effets de coupures, les chemins et trottoirs peu attractifs le long des routes à fort trafic ou à vitesse élevée, Les traversées manquantes ou dangereuses, les temps d’attente au feu rouge , les liaisons manquantes, les revêtements endommagés, les éclairages défectueux etc. », précise l’auteur du dossier.
- Les usagers et riverains ne sont pas oubliés : les citoyens, associations de parents d’élèves complètent le diagnostic des aménagements par l’expertise qu’ils en ont sur le terrain. « Cette démarche est essentielle dans le processus de diagnostic car de nombreuses problématiques peuvent nous échapper », insiste Stef Van den Bempt. La population en revanche a une connaissance des trajets quotidiens à tout moment de la journée, à toutes saison de l’année, par tous les temps et dans toutes les conditions de circulation.
- Les enfants, personnes âgées et personnes à mobilité réduite sont aussi écoutés. « Se déplacer ou séjourner dans l’espace public représente un défi supplémentaire lié à leur condition spécifique. Il est donc important que le diagnostic des aménagements prenne en compte des aspects en considération ».
Champion : 2.500 visiteurs quotidiens pour 1.700 habitants
A l’institut de la Providence à Champion, cela fait des année que le direction, les parents et les riverains attirent l’attention de la ville sur la question de la sécurité et de la mobilité. L’école et ses élèves organisent des opérations pedibus ou velobus pendant la semaine de la mobilité ou l’appel au covoiturage tut au long de l’année notamment.
Reste que le site attire plus de 2.500 personnes dans un village de 1.700 habitants et avec des routes peu adaptées à cette intense circulation aux heures de pointe.
Depuis septembre 2018, un groupe de travail composé de tous les acteurs concernés (ville de Namur, Police, TEC, SPW, parents, élèves et directions des écoles) a déjà permis des avancées: un nouveau dépose-minute a été créé pour l’école fondamentale, des passages pour piétons supplémentaires ont été peints. Et on envisage le placement de poteaux de sécurisation pour les piétons à proximité de l’école.
Mais la portée de ces améliorations est très limitée sans trottoirs assez larges ou continus, malgré la bonne volonté de chacun. C’est ainsi que plusieurs priorités ont été listées, par ordre d’urgence, dans le plan trottoirs.
> Le carrefour de la N91 et de la rue Notre-Dame des Champs : environ 40.000 euros. Suivant l’option présentée, il faudra veiller à se concerter avec le TEC pour la giration des bus. Actuellement, l’aménagement ne reprend pas les rayons de braquage nécessaires, dit le dossier de Stef Van den Bempt. « Etant donné qu’une partie de l’aménagement doit se faire sur une route régionale, il faudra demander à la région wallonne si elle est d’accord d’assumer financièrement la partie de la voirie qui lui incombe. On ne parle pas de refaire la route jusqu’à Eghezée, mais quelque chose comme 50 mètres donc on a bon espoir », souligne l’échevin Luc Gennart.
>La rue Notre-Dame des Champs : 95.000 euros. « On envisage un dépose-minute, mais les trottoirs sont très étroits et font 80 centimètres de large, parfois moins d’un côté comme de l’autre de la rue. De plus, les automobilistes se garent parfois dessus, sans se rendre compte qu’il s’agit d’un trottoir et les enfants doivent donc marcher sur la route », explique l’échevin Luc Gennart. La seule solution consiste à empiéter sur la propriété de l’école pour élargir le trottoir, ce qui demande de négocier. Les travaux du trottoir coûteraient 62.500 euros et le dépose-minute envisagé, lui, 32.500 euros.
Plus loin sur la rue Notre-Dame des Champs : 60.500 euros. Ici aussi, il faudra élargir le trottoir et prendre une parcelle aux soeurs de la Providence. La faisabilité du trottoir est conditionné à l’expropriation ou au rachat d’une partie de la parcelle privée pour l’ajouter au domaine public. Ce qui n’est pas un obstacle, amis demande une discussion et une négociation.
Réfection de chemins pédestres
Améliorer les trottoirs autour des 3 pôles scolaires étudiés – Champion, Erpent et Malonne – cela semble une mission possible à l’échevin des voiries. « Cela coûte certes plus cher qu’un banc public, mais les montants ne sont pas excessifs non plus quand on voit le nombre de personnes qui vont en bénéficier », commente Luc Gennart.
L’idée est d’inciter les parents à laisser leurs enfants arriver à pied les dernières centaines de mètres. Ou de rendre le chemin entre l’arrêt de bus et l’école sécurisé. Ou encore que les parents eux-mêmes viennent à pied car c’est plus rapide et pratique que la voiture !
Le bénéfice serait double : augmenter la sécurité des étudiants qui doivent slalomer entre les voitures. Et diminuer les embouteillages qui nuisent à la vie dans le quartier. « Ces écoles se sont implantées et ont grandi dans des villages qui n’étaient pas prévus pour ce genre de circulation », regrette-t-il.
L’idée est d’intégrer ces aménagements piétons dans la programmation 2022-2024 du FRIC, le fonds d’aide régional aux communes. Il est aussi possible d’obtenir des subsides dans le cadre de des projets Wallonie cyclable.
Car certains chemins d’écoliers peuvent aussi accueillir les cyclistes. « On essaie de mettre en place les solutions les plus globales possibles. A Malonne par exemple, il existe un chemin de campagne qui arrive à l’institut Saint Berthuin, mais il est impraticable dans son état actuel. Et il serait intéressant de relier le collège Notre-Dame de la Paix (Erpent) à un Ravel. »
Parfois, les chemins existent, mais les voitures empêchent d’y accéder car elles se garent devant, sans se rendre compte de l’effet dissuasif. « Par exemple, une poussette ne sait pas passer car il faut se faufiler entre les pare-chocs. Placer des potelets pour faciliter ce genre de jonctions, cela ne coûte presque rien », se réjouit-il.
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