Pourquoi l’abri de nuit a démarré avec 9 jours de retard sur le plan hiver


Le plan hiver a officiellement démarré le premier novembre. Comme chaque année, la ville de Namur met à disposition un abri de nuit supplétif en plus de celui habituellement accessible boulevard du Nord. Mais cette année, la crise du covid-19 a tout perturbé, jusqu’à retarder la mise en service de l’abri de nuit version doublée.

Philippe Noël, président du CPAS et échevin de la cohésion sociale s’en est expliqué devant le conseil communal ce mardi soir. Il y a une quinzaine de jours, alors que les contaminations ne cessaient de grimper, l’absentéisme pour cause de quarantaine ou de test positif était tel dans ses services, tant au sein du CPAS que parmi l’équipe qui s’occupe de l’abri de nuit qu’il a fallu restreindre l’accessibilité des services. Et même au sein des 5 maisons de repos du CPAS qui ont pu tenir le coup avec le renfort d’étudiants-stagiaires.

C’est bien simple: à un moment donné, pour l’abri de nuit, seule une personns sur les 15 prévues était mobilisable, a relaté Philippe Noël. Ce qui explique que la mise en application du plan hiver pour l’hébergement de nuit n’a pu démarrer que ce lundi 9 novembre à la caserne du génie.

Un soulagement car cet abri de nuit revêt un caractère encore plus crucial pendant la période hivernale alors que l’on vit un confinement partiel avec un couvre-feu pour tous. Heureusement, la situation a pu de régulariser. Petit à petit, l’équipe a pu reprendre du service et préparer l’endroit à accueillir, de 21h à 7h, plusieurs dizaines de sans-abri.

Pour la première fois, un seul abri de nuit offre 63 lits sur un seul site. Ceux-ci sont installés dans deux dortoirs – ainsi que quelques chambres individuelles – avec un plafond haut à une distance d’un mètre cinquante minimum et de manière à se placer tête bêche pour ne pas respirer directement l’air expiré par le voisin et inversement. Une roulotte installée à l’extérieur permet la prise de paramètres et des précautions sanitaires avant de pénétrer dans l’abri de nuit.

« La Caserne du Génie de Jambes est un lieu propice pour accueillir jusqu’à 63 sans-abris en période hivernale », estime Philippe Noël qui espère pouvoir occuper l’endroit trois ou quatre années d’ici à ce que la caserne désertée par l’armée soit vendue.

Toujours lundi, l’école d’Alphabétisation Français Langues Etrangères (« l’Alpha » du CPAS de Namur) ouvrait ses portes dans le même bâtiment, après avoir accepté de libérer les locaux de Froidebise afin que les enfants de Basse-Enhaive puissent s’y rassembler en attendant la construction de la nouvelle école du quartier.

« Près de 150 étudiants d’origine étrangère viendront poursuivre leur apprentissage de notre langue et poursuivront leur parcours au sein de notre belle ville. La crèche pour les enfants des apprenants sera également présente sur le site », énumère le président du CPAS. Le tout avec deux entrées séparées, une pour l’abri, l’autre pour l’école. Elles ont été créée spécialement et demandaient un percement du mur d’enceinte, ce qui était soumis à un permis. Raison pour laquelle cela n’a pas pu se faire davantage en amont. Raison pour laquelle les derniers préparatifs avaient encore lieu juste avant l’ouverture au public sans-abri.

Outre cette double entrée, l’occupation nouvelle a demandé de nombreuses adaptations: rampe d’accès pour PMR, révision électrique, révision des systèmes de chauffe, portes coupe-feu, cloisonnement des espaces, asservissement incendie, quelques peintures, un endroit sécurisé pour les chiens… Le tout pour un budget de 190.000€.

« Les travaux ont été nombreux et réalisés avec maîtrise par notre Entreprise de Formation par le Travail EFT L’Outil (CPAS de Namur) et par les équipes communales. Le chemin aura été long et éprouvant mais franchir ces nouvelles portes d’accès (depuis la rue de Dave) symbolisent beaucoup. D’ores et déjà, les échanges avec le centre d’accueil de la Croix-Rouge de Belgique (aussi présent sur le site avec un centre d’accueil pour réfugiés) vont bon train pour faire de cet endroit un magnifique lieu d’échanges », conclut Philippe Noël.

Quatre déménagements cette année pour l’abri de nuit!

Cette année, l’abri de nuit aura connu pas moins de quatre localisations différentes en raison de la crise du covid-19. La crise du covid-19 a sans doute précipité la relocalisation de l’abri de nuit et signé la fin de l’occupation du boulevard du Nord à ces fins. Ou en tous cas une changement d’orientation devant la réalité du terrain.

S’il était novateur et sans doute conforme aux besoins lors de sa création en 2012, l’abri de nuit du boulevard du Nord se révèle insuffisant aujourd’hui, alors que la grande précarité augmente sans arrêt. Le nombre de places insuffisant certaines nuits hors plan hiver engendre parfois des tensions, comme à l’intérieur de par l’exiguïté des chambrées et les lits superposés. A tel point que certains éducateurs ne souhaitaient plus y travailler.

Cette relocalisation sur un seul site constitue peut-être une transition vers un nouvel abri de nuit plus spacieux et plus durable dans d’autres lieux. A moins que la ville et la région décident d’investir significativement dans le programme Housing First qui vise à la fin du sans-abrisme en relogeant durablement les sdf avec une récupération des droits sociaux et un suivi. A terme, Housing First permet de sortir de l’assistanat et coûterait moins cher à la société, selon les chiffres avancés par le réseau social urbain.

Pour suivre en direct ou en replay le conseil communal de Namur (la partie concernant la gestion de la crise covid-19 démarre à 18h40):

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